Qu’est-ce que la littéraTube ?

Soirée à la Maison de la poésie : Vendredi 30 juin à 19h30

Rencontre avec Gracia Bejjani, Gwen Denieul, Charles Pennequin, Milène Tournier, Gilles Bonnet et Gaëlle Théval.

À l’occasion de la parution du livre Qu’est-ce que la littéraTube ? paru aux Ateliers de Sens public, en mai 2023

Captation vidéo de la soirée du vendredi 30 juin 2023 à la Maison de la poésie à Paris

Vases communicants (Avril 2023)

Les derniers échanges dataient du mois de janvier. Mais l’idée reste la même. Tous les mois, faire échange de vidéo. S’emparer des images et de la bande son, entrer en dialogue avec, sans nécessairement modifier le montage de la vidéo mais en ajoutant selon ses préférences (voix off, texte lu, improvisé, écrit sur l’image, ajout de sons, de musique), puis envoyer sa propre vidéo à son correspondant pour qu’il s’en empare à son tour. Le premier vendredi du mois, chacun diffuse le mixage/montage qu’il a réalisé sur la vidéo de l’autre et découvre à son tour son montage mixé sur la chaîne YouTube de son invité.

Voici les échanges du mois d’avril 2023 :

Échange entre Milène Tournier et Myriam Oh

Sur les chemins de campagne, en plein hiver, dans le brouillard et le froid, les arbres aux branches nues grelotent dans un ciel bas, les bosquets d’arbustes qui tremblent à l’horizon, une route qu’on devine au loin, les champs de terre meuble figés par le froid, saupoudrés de neige par endroits et d’autres recouverts d’une étrange mousse d’un bleu phosphorescent qui ressemble à l’herbe lorsqu’elle est givrée. Des oiseaux dans le ciel en « nuées obscures et battantes et murmuration d’astres d’avoir vibré pour la même seconde. » Et tout ce qui se cache dans les images de Myriam Oh que le texte de Milène Tournier vient débusquer à rebours dans l’inventaire de son poème. « Il y avait les arbres, buissons pelés, nus, sans hâte et sachant bien, l’été reviendrait si les couleurs pour l’instant se disputaient les quelques bosquets à leurs pieds. »

Il y avait ces havres
Images : Myriam Oh – Texte et voix : Milène Tournier

Il y avait ces havres
Images : Myriam Oh – Texte et voix : Milène Tournier

Dans les rues de Paris, les silhouettes des passants traversent la ville. On ne sait pas où ils vont, on les suit curieux quelques mètres en retrait. Il y a des gens qui jouent au football sur le balcon de leur immeuble. Il y a des fanfares improvisées, des violoncelles qu’on porte sur son dos comme un fardeau. La musique flotte dans l’air du soir, mais pas toujours là où on l’espère. Il y a des vélos qui roulent à la même allure, côte à côte ils ne font plus qu’un. La nuit tombe, on passe de la marche au déplacement mécanique. Un long travelling sur rue dont les vues se font écho les unes aux autres, « d’enseignes lumineuses en devantures réfléchies, il n’y a rien à faire que… passer. » On se laisse donc transporter au rythme de ces plans de Milène Tournier, en se glissant dans le texte de Myriam Oh, sa voix qui nous accompagne et nous rassure. On peut prendre notre temps. Voilà tout est là. « La magie, c’est en la cherchant qu’on la perd. » Ici, on la saisit au passage, comme une chance.

Passer
Images : Milène Tournier – Texte et voix : Myriam Oh

Passer
Images : Milène Tournier – Texte et voix : Myriam Oh

Si vous êtes tentés par l’aventure des vases communicants vidéo, faîtes le savoir sur le mur du groupe pour que les autres correspondances vidéos puissent être relayées sur le site Litteratube. La playlist #vasescommunicants sur la chaîne YouTube permet d’ajouter ces échanges mensuels pour mieux les retrouver et les visionner.

Cadavre exquis

Le point commun de la plupart des réalisations diffusées dans ce groupe est d’inventer une manière d’écrire inédite, en tentant d’articuler la vidéo avec la voix, l’écriture, sous forme de texte écrit, lu, chanté, improvisé. Mais ce qui réunit également ces pratiques isolées, et de manière de plus en plus fréquente pour les membres les plus plus actifs, est la collaboration régulière autour de projets communs. C’est en effet par le biais d’expériences variées, menées collectivement, la création de protocoles élaborés ensemble pour expérimenter le travail du texte et de l’image, que se développent les propositions les plus créatives. Légers, modulables, évolutifs, ces dispositifs laissent à chacun la liberté de creuser son sillon, de tracer sa voie, d’inventer de nouvelles formes d’écriture.

Après la proposition de création de vidéopoèmes-adaptations de poèmes existants #UnPoèmeDe par Charlotte Hiver et Marie-Anaïs Guegan en août 2022 et le lancement des vases communicants vidéo en septembre 2022, voici l’apparition du Cadavre-Exquis proposé par Caroline Diaz et Juliette Cortese.

Elles présentent chacune le projet de cadavre exquis sous leur vidéo : Au milieu du monde.

« D’abord l’envie de jouer ensemble, d’écrire après les images, à partir des images. On esquisse rapidement un protocole : l’une envoie un plan à partir duquel l’autre fait un nouveau plan, en écho, réaction, reprenant parfois un mouvement, une matière, et ainsi de suite. Le montage se fait au fur et à mesure, respectant l’ordre du filmage, sans se poser explicitement la question de l’écriture. Après le montage, passer à l’écriture-mots. Chacune notre tour on écrit sur le plan de l’autre en lui donnant le dernier mot. Puis enregistrer nos voix, monter encore. »

#CadavreExquis | Au milieu du monde — Juliette Cortese / Caroline Diaz
#CadavreExquis | Au milieu du monde – Caroline Diaz / Juliette Cortese

On peut très bien imaginer, en regardant le beau résultat de cette collaboration entre Juliette et Caroline, que chacun s’empare à leur suite de cette proposition et soumette à son tour une approche personnelle de ce cadavre exquis. En réalisant par exemple chacun de son côté une bande son différente à partir de l’ensemble des plans tournés. Ou en ne gardant du travail du cadavre exquis que ce que cette contrainte a permis de faire surgir, les plans tournés dans l’ordre de leur tournage, pour venir ensuite, chacun de son côté, les réagencer afin d’en proposer une version différente, et voir affleurer au fil de ces changements, des points communs, des zones de confluences, un dialogue qui se poursuit après le temps du tournage, de la capture des images et qui peut également se prolonger dans le travail sur la bande son ou le texte écrit et lu qui pourrait être différente d’une vidéo à l’autre.

Vases communicants (Janvier 2023)

Tous les mois, faire échange de vidéo. S’emparer des images et de la bande son, entrer en dialogue avec, sans nécessairement modifier le montage de la vidéo mais en ajoutant selon ses préférences (voix off, texte lu, improvisé, écrit sur l’image, ajout de sons, de musique), puis envoyer sa propre vidéo à son correspondant pour qu’il s’en empare à son tour. Le premier vendredi du mois, chacun diffuse le mixage/montage qu’il a réalisé sur la vidéo de l’autre et découvre à son tour son montage mixé sur la chaîne YouTube de son invité.

Voici les échanges du mois de janvier 2023 :

Échange entre Cartographie Messyl et Myriam Oh

Sur les images de Cartographie Messyl, on suit les pas d’une personne qui marche sur les dalles d’un carrelage « jusqu’à ce que l’horizon s’ouvre sous les pieds », une personne dont on ne voit justement que cette partie du corps, de plus en plus près. La voix de Myriam Oh vient questionner ce qui se passe à l’écran, la situation de ce personnage omniscient qui avance entre rêve et réalité. « Le personnage principal se sent perdu. Il accélère le pas, il zoome pour tenter de dénicher la vérité. Avec un grand V. » La musique de Myuu renforce l’atmosphère mystérieuse du film et nous emporte dans les dédales de sa pérégrination. « Marcher pour rétablir l’union sacrée du personnage principal et du narrateur omniscient. »

Anamorphose
Images : Cartographie Messyl – Texte et voix: Myriam Oh

Anamorphose
Images : Cartographie Messyl – Texte et voix: Myriam Oh

Dans les paysages gris et uniforme de banlieue, près des lignes de chemin de fer, zones résidentielles et centre commerciaux, la voiture est partout, les parkings omniprésents. Grilles et grillages. Les parcs sont rectilignes, des endroits où les animaux ne sont pas les bienvenus. Sur les murs sales, les graffitis accentuent le mouvement de leurs lettres inachevées. Parfois un signe nous alerte, un coeur nous fait signe. Le texte écrit et dit par Cartographie Messyl prend appui sur les images pour très vite s’en éloigner. « Je prends le ciel entier, tente quelque chose. J’essaie d’imaginer le mouvement. »

Zone floutée pour perspective avancée
Images : Myriam Oh – Texte et voix : Cartographie Messyl

Zone floutée pour perspective avancée
Images : Myriam Oh – Texte et voix : Cartographie Messyl

Échange entre Alice Diaz et Pierre Ménard

Les images d’Alice Diaz proviennent de lieux très distants les uns des autres, filmés à des moments différents mais leur montage les associe comme seuls les rêves fabriquent les plans séquences dans notre sommeil. Avec la lumière comme ligne directrice. « La lumière nous envahit lentement de sa chaleur trouble. » Des formes étranges surgissent, des ombres apparaissent et disparaissent. « Tout ce qui paraît familier nous devient étrangement insolite. » Le film avance tout en douceur, un plan dialogue avec l’autre comme ces poèmes dont la fin d’un vers est le début du suivant, inventant un lieu inédit, à la fois mouvant et immobile, un endroit où tout devient possible : « C’est en prenant conscience de l’inépuisable variété de ce qui nous paraît opposé, que l’on arrive à comprendre leur vraie nature, leurs liens. Les êtres, les lieux perdent leur exclusivité, sans perdre leur originalité. »

La mémoire et l’oubli
Images : Alice Diaz – Texte et voix : Pierre Ménard

La mémoire et l’oubli
Images : Alice Diaz – Texte et voix : Pierre Ménard

Tournées dans le parc de la Fondation Serralves, un lieu d’art contemporain à Porto au Portugal, ces images tentent de cerner en un plan fixe répété plusieurs fois devant un plan d’eau aux reflets invraisemblables, l’image d’une jeune femme, ma fille Nina qui s’approche du bord, en forme d’hommage au film envoûtant de Bill Viola : Reflecting Pool. Apparition, disparition. Le texte d’Alice apporte une dimension supplémentaire au film, en prolonge la réflexion, à la recherche de ces fantômes que le film traque en secret, dont la bande son renforce le mystère. les formes et les forces de l’esprit : « nos cadavres son enterrés sous les arbres, nous ne les oublions pas, restent les rêves. »

La forme de l’esprit
Images : Pierre Ménard – Texte : Alice Diaz

La forme de l’esprit
Images : Pierre Ménard – Texte : Alice Diaz

Échange entre Gracia Bejjani et Juliette Cortese

Sur les images de Gracia Bejjani, l’avion amorce lentement son atterrissage, longeant la terre et la mer. Des lettres virevoltent en l’air en surimpression. La voix de Juliette Cortese les attrape au vol : « Je ne crois pas qu’on puisse continuer à laisser tomber des lettres sur le ciel. Je ne crois pas que l’amour soit une surface plane. Ni une géométrie dans l’espace. » Tout semble si proche à vol d’oiseau. À portée de main. Et puis soudain, tout s’accélère, à l’approche du sol, la vitesse à son comble à l’arrivée, l’avion se pose enfin. « Je ne crois pas qu’on puisse continuer à laisser tomber des lettres sur le ciel. Je ne crois pas que l’amour soit une surface plane. Ni une géométrie dans l’espace. Plutôt une pierre sauvage qui s’attrape avec les orteils. »

Le goéland
Images : Gracia Bejjani – Texte et voix : Juliette Cortese

Le goéland
Images : Gracia Bejjani – Texte et voix : Juliette Cortese

Les très belles images de Juliette Cortese font le chemin inverse de celles de Gracia Bejjani filmées depuis l’avion en phase d’atterrissage. On marche dans ses pas, remontant lune allée bordée de platanes aux feuilles dorées dans une chaude lumière de fin d’automne. Les pas crissent sous ces feuilles mortes. Le regard se lève soudain vers le ciel bleu. Pas d’avion à l’horizon, mais les branches et les feuilles des arbres qui tremblent dans le vent, se prolongent entremêlées en reflets dans l’eau mêlée de feuilles : « Tu imites tes élans, gestes sans toi, vieillie comme ciel sans temps, peau parcourue de branches, l’air entre. »

Elles ont toujours tremblé
Images : Juliette Cortese – Texte et voix : Gracia Bejjani

Elles ont toujours tremblé
Images : Juliette Cortese – Texte et voix : Gracia Bejjani

Les prochains vases communicants vidéo auront lieu le vendredi 3 février 2023. Si vous êtes tentés par l’aventure, faîtes le savoir sur le mur du groupe pour que les autres correspondances vidéos puissent être relayées sur le site Litteratube.
La playlist #vasescommunicants sur la chaîne YouTube permet d’ajouter ces échanges mensuels pour mieux les retrouver et les visionner.

Vases communicants (Décembre 2022)

Tous les mois, faire échange de vidéo. S’emparer des images et de la bande son, entrer en dialogue avec, sans nécessairement modifier le montage de la vidéo mais en ajoutant selon ses préférences (voix off, texte lu, improvisé, écrit sur l’image, ajout de sons, de musique), puis envoyer sa propre vidéo à son correspondant pour qu’il s’en empare à son tour. Le premier vendredi du mois, chacun diffuse le mixage/montage qu’il a réalisé sur la vidéo de l’autre et découvre à son tour son montage mixé sur la chaîne YouTube de son invité.

Voici les échanges du mois de décembre 2022 :

Le principe des vases communicants vidéo amplifie ce qui était en jeu initialement sur les blogs qui participaient il y a plusieurs années à cette opération d’échange. Cela dépasse le simple déplacement de lieu d’écriture. C’est un dialogue qui s’instaure entre des images en mouvement et le texte (écrit et/ou lu). Des images auxquelles on ne s’attend pas toujours, mais pour lesquelles il faut trouver les mots. Sans illustrer, sans renforcer ce qui se passe à l’image, mais en créant des correspondances et des écarts subtiles, des liens ténus entre l’image et le texte, jusqu’à se demander qui en est l’auteur, pour tout aussi vite oublier cette question. Car ici l’auteure est plurielle. Et c’est la rencontre de cette diversité qui crée la fascination sans cesse renouvelée de ces vidéo-poèmes.

Échange entre Caroline Diaz et Myriam Oh :

Sur les images au ralenti de Myriam Oh, en trois plans, Caroline Diaz nous raconte son histoire, le surgissement d’un souvenir d’enfance. Les images ne sont pas celles décrites, évoquées dans le texte, mais elles y font tout de même référence, à travers quelques signes, des objets qui révèlent et font apparaître dans leur présence fantomatique, renforcée par le ralenti des plans et la musique au piano de Philippe Clérin, un reflet d’enfance : le chat, les bâtiments d’en face, le carrelage blanc, la rambarde, la peluche déchirée, la photo de Jacques Brel. Le texte creuse l’image pour y trouver sa surface de projection. Ici commence le vertige.

En face
Images : Myriam Oh – Texte : Caroline Diaz

En face
Images : Myriam Oh – Texte : Caroline Diaz

Sous un certain angle tout n’est que caresse. Tout est dit dès les premiers mots de la vidéo, aux premières images. Paysage nocturne dans la lumière lunaire qui apparaît souligné par les branches des arbres. Tout n’est que caresse infinie. Danse de l’ombre, de la lumière. La voix de Myriam Oh accueille le rythme des images, leur surgissement lumineux, harmonieux, et s’accorde aux mouvements chaloupés de la musique. Se laisser dépasser pour rendre à la vie sa fluidité. D’un éclat de rire briser toutes les certitudes. Jeux des lumières, reflets colorés, scintillements dans la nuit. Le jeu des corps qui dansent, se cherchent, dialoguent en musique. Remonter à la surface et briller.

Les cinq sens sont obsolètes
Images : Caroline Diaz – Texte : Myriam Oh

Les cinq sens sont obsolètes
Images : Caroline Diaz – Texte : Myriam Oh

Échange entre Juliette Cortese et Milène Tournier :

La voix est omniprésente dans la plupart des vidéos de littératube. Dans cette vidéo de Juliette Cortese, Milène Tournier se tait. Elle nous raconte une histoire. Celle de Boucle d’or. Une boucle d’or actuelle. Qu’est-ce qu’il y a de plus difficile à filmer, si ce n’est son intérieur ? Chez soi, sa maison, son appartement on le voit tous les jours, à force on n’y prête même plus attention. En faire le tour par l’image, c’est souvent un pis-aller, pas le temps de sortir, il fait froid, il fait nuit très tôt en cette fin d’automne, pourquoi ne pas rester chez soi et filmer tranquillement ce qui nous entoure ? Ce qui peut paraître une solution de facilité n’en est pas une. Bien au contraire. C’est une mise à nue, un geste amical tout en humilité. On ouvre les portes de son intérieur, comme les pages d’un texte à venir. Et le récit s’en empare. Sous la forme d’un conte domestique.

Boucle d’or
Images : Juliette Cortese – Texte : Milène Tournier

Boucle d’or
Images : Juliette Cortese – Texte : Milène Tournier

On reconnaît tout de suite les images de Milène Tournier. Il y a quelques chose de Jonas Mekas dans ces images tremblotantes, sous-exposées, parfois floues, mais qui parviennent à saisir, dans le mouvement incessant de nos villes, son tumulte et sa noirceur, le signe qui fait sens, l’image qui trouble « au nez du réel », et nous renverse dans la capture de l’insaisissable. « Ce qui nous terrasse. » Tout y fait sens. Et c’est toute la beauté du texte écrit et lu par Juliette Cortese qui parvient à entrer dans ces images et le réseau complexe de leur signification : « On verrait les choses pas pareil, on ferait un crochet par une autre part de nous-mêmes. » Les mots écrits sur les images viennent ponctuer la vibration des images et de la voix : À l’infini pousser la langue.

Palimpseste pour les mortes
Images : Milène Tournier- Texte : Juliette Cortese

Palimpseste pour les mortes
Images : Milène Tournier- Texte : Juliette Cortese

Les prochains vases communicants vidéo auront lieu le vendredi 6 janvier 2023. Si vous êtes tentés par l’aventure, faîtes le savoir sur le mur du groupe pour que les autres correspondances vidéos puissent être relayées sur le site Litteratube.
La playlist #vasescommunicants sur la chaîne YouTube permet d’ajouter ces échanges mensuels pour mieux les retrouver et les visionner.

Vases communicants (Novembre 2022)

Tous les mois, faire échange de vidéo. S’emparer des images et de la bande son, entrer en dialogue avec, sans nécessairement modifier le montage de la vidéo mais en ajoutant selon ses préférences (voix off, texte lu, improvisé, écrit sur l’image, ajout de sons, de musique), puis envoyer sa propre vidéo à son correspondant pour qu’il s’en empare à son tour.
Le premier vendredi du mois, chacun diffuse le mixage/montage qu’il a réalisé sur la vidéo de l’autre et découvre à son tour son montage mixé sur la chaîne YouTube de son invité.

Voici les échanges du mois de novembre 2022 :

Échange entre Caroline Diaz et Milène Tournier :

Depuis l’arrivée en gare de la Ciotat, le train ne cesse d’envahir le cinéma. Dans les premières images de la vidéo de Milène Tournier, ce sont des images saisies à la volée sur lesquelles la voix de Caroline Diaz nous fait entendre les voix qu’elle convoque en les faisant vibrer à travers le voile des images fugitives et fuyantes pour s’approcher de la ville, de ses présences fragiles et les faire remonter à la surface : « Des mots tremblants comme des mots trop légers. » Et parmi ces voix, il y a celle de Milène Tournier qu’on entend prononcer ces paroles : regarder notre présent depuis notre mémoire. Car c’est bien de cela dont il s’agit. Ce que l’on perçoit dans les images du film de Caroline Diaz, composées d’images d’archives, de vacances en famille, d’été en Corse, à la recherche d’un souvenir : « aucune image en réalité, seulement ce qui nous pince. Et tant qu’on est pincée on respire, poumons pincés rendus, et c’est seulement ça le temps ».

Le vent porterait ta voix
Images : Milène Tournier – Texte : Caroline Diaz

Le vent porterait ta voix — Milène Tournier / Caroline Diaz

Tendresse poste restante
Images : Caroline Diaz – Texte : Milène Tournier

Et même retrouver ne retrouve rien : Caroline Diaz / Milène Tournier

Échange entre Juliette Cortese et Myriam Oh :

« On se tisse des liens par le pouvoir de la pensée », dit Myriam Oh sur les images de Juliette Cortese. « Vaste marelle entre terre & ciel où les cartographies intimes sont en mutations perpétuelles. « Changer d’angles de vues pour retrouver le juste. »
Sur les longs travellings sol ou ciel de Myriam Oh, les incantations poétiques de Juliette Cortese qui se demande de manière répétée : qu’est-ce que c’est ? Correspondances et superpositions du texte avec les images qui défilent devant nous comme si nous marchions à leurs côtés, dans les avancées, à travers le chemin qui se déroule devant nos yeux dans les élans, les clignotements : « Les épilepsies profondes de la nature, es épilepsies profondes du jour. » Et cette lumière qui traverse et nous transperce. Nous transporte.

Qu’est-ce que c’est ?
Images et musique : Myriam Oh – Texte : Juliette Cortese

Qu’est-ce que c’est – Myriam Oh / Juliette Cortese

Vaste marelle entre Terre & ciel
Images Juliette Cortese – Texte et musique : Myriam Oh

Vaste marelle entre Terre & ciel · Juliette Cortese · Myriam OH

Échange entre Pierre Ménard et Laurent Givelet

Accueillir la voix de l’autre, filmer la ville, la nuit, en pensant à sa voix grave et posée, aux images qu’il tourne au quotidien dans la ville où il vit qui n’est pas la nôtre, lui qu’on ne connaît pas, qu’on n’a jamais croisé, qu’on ne connaît que par ses vidéos, dont on apprécie la justesse des images et de la voix qui, sans coller à ce que l’on voit, parvient toujours à évoquer un souvenir, une pensée, rappeler une phrase, une épiphanie, convoquer une image, et soudain tout s’éclaire avec la simplicité indispensable d’une respiration : « Le gémissement des temps manqués. À une vitesse impossible, la vitesse des rêves. »
Laurent Givelet parvient à passer de l’autre côté de l’image, à s’en emparer pour dialoguer avec elles, et c’est toute la puissance de ces vases communicants où vidéo et voix se mettent à dialoguer comme leurs auteurs à distance : « Revenaient alors les ombres, les enseignes lumineuses te cherchaient, les phares te traquaient. Tu allais tête baissée, longeant les murs. Tu te gardais d’entrer dans les lumières. Tu désirais l’ombre maintenant afin qu’elle te dérobe cette réalité que tu voulais atteindre, afin que tu ne reconnaisses que le plus tard possible que la réalité ne te tendrait pas la main et qu’elle est souriante comme la danse artificielle des lumières de la nuit. »

Jeté dehors
Images Pierre Ménard – Texte : Laurent Givelet

Jeté dehors – Pierre Ménard / Laurent Givelet

La vitesse des rêves
Images Laurent Givelet – Texte : Pierre Ménard

La vitesse des rêves – Laurent Givelet / Pierre Ménard

Les prochains vases communicants vidéos auront lieu le vendredi 2 décembre 2022. Si vous êtes tentés par l’aventure, faîtes le savoir sur le mur du groupe pour que les autres correspondances vidéos puissent être relayées sur le site Litteratube.
La playlist #vasescommunicants sur la chaîne YouTube permet d’ajouter ces échanges mensuels pour mieux les retrouver et les visionner.

#unpoèmede sur un texte de Claude Favre

#Unpoèmede, une proposition collective initiée par Marie-Anaïs Guegan et Charlotte Hiver : le 10 de chaque mois, sur un même poème, plusieurs adaptations vidéos sont proposées.

Trois propositions pour cette nouvelle session sur un texte de Claude Favre (extrait de Ceux qui vont par les étranges terres les étranges aventures quérant, paru aux Éditions LansKine, en 2022).

Claude Favre est une poète et performeuse française. À partir de 2005, elle écrit et publie de nombreux textes dans des revues/papier telles que Mouvement, Action poétique, Aka, Esprit, Gare maritime, Série discrète, Espace(s), Nioques, Pli, Hector, Attaques… puis à partir de 2007 dans les revues numériques Poezibao, Libr-critique, Remue.net, d’ici là, La vie manifeste, Diacritik…
Pour Jean-Philippe Cazier, « La poésie de Claude Favre nous est précieuse. Par son absence de compromis, de compromission. Par sa radicalité vivante. La poésie de Claude Favre est celle que nous désirons, elle est celle que nous devons nous efforcer de rejoindre ».
Derniers livres publiés : Sur l’échelle danser, Série discrète, 2021 Zinzins, Fidel Anthelme X, 2021. Ceux qui vont par les étranges terres les étranges aventures quérant, Lanskine, 2022.

Ce qui est beau dans cette proposition #unpoèmede lancée par Marie-Anaïs Guegan et Charlotte Hiver, c’est que cela permet de faire découvrir un texte et son auteur, par le biais d’un extrait lu par des voix très variées, avec leur sensibilité, leur tonalité, en l’associant à des vidéos qui, chacune à leur manière très différente, mettent en lumière la beauté et la force du texte.

Pierre Ménard
Juliette Cortese
Alain Gérardot-Paveglio

Vases communicants (Octobre 2022)

Tous les mois, faire échange de vidéo. S’emparer des images et de la bande son, entrer en dialogue avec, sans nécessairement modifier le montage de la vidéo mais en ajoutant selon ses préférences (voix off, texte lu, improvisé, écrit sur l’image, ajout de sons, de musique), puis envoyer sa propre vidéo à son correspondant pour qu’il s’en empare à son tour.
Le premier vendredi du mois, chacun diffuse le mixage/montage qu’il a réalisé sur la vidéo de l’autre et découvre à son tour son montage mixé sur la chaîne YouTube de son invité.

Voici les échanges du mois d’octobre 2022 :

Échange entre Caroline Diaz et Jeanne Cousseau :

Le dialogue de ces deux vidéo se tisse avec délicatesse et subtilité dans l’intimité des voix, dans l’incroyable correspondance des lieux et leurs points de confluence, des personnes croisées, d’hier et d’aujourd’hui, qu’il s’agisse d’amis filmés dans leurs activités comme dans un journal filmé au quotidien (se promener à travers champs, effectuer des travaux dans une maison vide, rouler la nuit au bord de la mer) où de Virginia Woolf à qui l’on s’adresse en lui écrivant une lettre, paroles anciennes ou imaginaires, en visitant ce qui fut sa maison, son jardin, l’endroit où elle a vécu, où elle a écrit la plupart de ses textes et le lieu où elle est morte. A son image les mots surgissent.

Je lui offrirai ma joue
Images : Jeanne Cousseau – texte : Caroline Diaz

Je lui offrirai ma joue

Tendresse poste restante
Images : Caroline Diaz – texte : Jeanne Cousseau

Tendresse poste restante

Échange entre Juliette Cortese et Pierre Ménard :

Sans concertations ni préméditions, deux approches de paysages aux reflets changeants, dans les lumières de fin d’été. C’est une question de temps, de lumière. Aux prises avec le vertige des variations infinis. D’un côté comme de l’autre cela s’écrit en-deça des mots, dans les interstices, les écarts, les distances infimes. Dans l’alternance des images de reflets dans l’eau du Canal, ce sont des scènes de violences et de guerre, armures d’un autre temps, dans le bruit des bombes, toute la vibration d’un monde qui se dissimule en-dessous de l’apparente surface ondoyante de l’eau, qui révèle la mémoire trompeuse des images, et ce qui se cache en-dessous.
Dans les images elles aussi à l’envers de reflets à la surface de l’eau, des flaques sur le sol, l’effet miroir qui fait entendre la mélodie du monde en laissant surgir pas à pas les images. Deux approches opposées qui se retrouvent dans un thème commun, des reflets et des images et de ce qu’ils révèlent en nous. Même au-delà du bruit des images.

Il y a une guerre derrière la ville
Images et musique : Pierre Ménard – Texte : Juliette Cortese

Il y a une guerre derrière la ville

À l’envers du miroir
Images Juliette Cortese – Texte et musique : Pierre Ménard

À l’envers du miroir

Échange entre Catherine Serre et Jean-Rémi Gandon :

Dans un plan juxtaposant deux images, celle d’une bouche dans la pénombre articulant dans le vide, sans qu’on entende ce qu’elle dit, les mots qu’elle prononce, et les images du mouvement répété des vagues s’échouant sur la plage dont on ne perçoit qu’un mince filet et sur la ligne qui sépare ces images sans lien apparent, le texte qui s’écrit, qui défile et le son qui monte progressivement comme la mer qui gronde : voix perdue l’impossible émission voix de graviers, et de sable voix gravats voix érosion éraillée voix perdue, perdue loin.
Des cartons de déménagement, le paysage qu’on va quitter avec son arc-en-ciel, les assiettes qu’on empile au fond des cartons, leurs motifs d’oiseaux dont les traits en gros plan rappellent ceux de tatouage. A fleur de peau. Et cette phrase qui se répète comme une chanson qui dit tout ce qui est en jeu dans la succession de ces images qui se font subtilement échos, et le décalage des sons qui devient musique : j’en ai rien à figurer !

Sans voix
Image et son : Jean-Rémi Gandon
Texte : Catherine Serre

Sans voix

Soleil
Image : Catherine Serre
Voix et sons : Jean-Rémi Gandon

Soleil

Les prochains vases communicants vidéos auront lieu le vendredi 4 novembre 2022. Si vous êtes tentés par l’aventure, faîtes le savoir sur le mur du groupe pour que les autres correspondances vidéos puissent être relayées sur le site Litteratube.
La playlist #vasescommunicants sur la chaîne YouTube permet d’ajouter ces échanges mensuels pour mieux les retrouver et les visionner.

#unpoèmede sur un texte de Frédérique Soumagne

#Unpoèmede, une proposition collective initiée par Marie-Anaïs Guegan et Charlotte Hiver : le 10 de chaque mois, sur un même poème, plusieurs adaptations vidéos sont proposées.

Quatre propositions pour cette nouvelle session sur un texte de Frédérique Soumagne (extrait de Écrire Cuicui aux éditions Dernier Télégramme.

Frédérique Soumagne écrit de la poésie et d’autres textes. Publie des livres. Comme poète ou plasticienne, publie ses travaux dans des revues, fait des expositions, des lectures publiques et des performances dans des lieux d’art et de culture. Elle vit et travaille à Bordeaux. Derniers livres publiés : Écrire cuicui, Dernier Télégramme, 2018 ; Extrait de la liste interminable des lieux, places, espaces et divers endroits rencontrés dans ma vie, Dernier Télégramme, 2015.

Belle récolte et variété d’interprétations ! D’autres sont encore en présentation, à découvrir très prochainement en ligne sur la playlist YouTube et sur cette page du site.

Tristan Mat

Juliette Cortese – Jean-Baptiste Happe

Catherine Serre

Jean-Rémi Gandon

Nathanaelle Quoirez

Myriam OH 

Vases communicants (Septembre 2022)

Le 1er juillet 2022, avec Anh Mat nous nous sommes lancés dans les #vasescommunicants, chacun a été écrire dans la ville et la vidéo de l’autre. Très vite rejoints par Caroline Diaz et Juliette Cortese.

Petit rappel des #vasescommunicants :

François Bon et Jérôme Denis ont lancé en juillet 2009 l’initiative des vases communicants, Anne Savelli et moi-même les avons rejoints, suivis très vite par de très nombreux autres : le premier vendredi du mois, chacun écrivait sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.

Suite aux Rencontres Littérature & Youtube d’Evry, mon idée était de proposer une initiative similaire pour les auteurs et leurs vidéos sur YouTube.

Tous les mois, faire échange de vidéo. S’emparer des images et de la bande son, entrer en dialogue avec, sans nécessairement modifier le montage de la vidéo mais en ajoutant selon ses préférences (voix off, texte lu, improvisé, écrit sur l’image, ajout de sons, de musique), puis envoyer sa propre vidéo à son correspondant pour qu’il s’en empare à son tour.

Le premier vendredi du mois, chacun diffuse le mixage/montage qu’il a réalisé sur la vidéo de l’autre et découvre à son tour son montage mixé sur la chaîne YouTube de son invité.

Visuel Pierre Ménard

Une playlist #vasescommunicants a été rapidement ajoutée sur la chaîne YouTube pour y ajouter les échanges mensuels et l’ajout une fois par semaine environ des dernières vidéos publiées par les membres du groupe dans les différentes rubriques de la chaîne (vidéo-poèmes, fictions narratives, journaux filmés, lectures, Booktubes, et Conversations). N’hésitez pas à nous signaler les erreurs ou les oublis.

Chaîne YouTube Littératube

Voici les échanges du mois de septembre 2022 :

Caroline Diaz et Philippe Diaz (alias Pierre Ménard) partagent un même territoire. Leurs vidéos ont été filmées dans les mêmes lieux, chacun s’en est emparé pour raconter son histoire, décrire ses sensations, se souvenir. « Éclats de lumière qui scintillent à la surface de l’eau. Ciel et sel de mer. Vertige improvisé qui se répète en toi. En nous. » Leurs chemins se croisent, dialoguent. « La mer nous appelait, on avançait lentement vers la plage. On ne voulait pas froisser le sable. L’empreinte des vagues. »

Surface sensible (images : Caroline Diaz – texte : Pierre Ménard)
L’obstination des vagues (images : Pierre Ménard – texte : Caroline Diaz)

Echange entre Catherine Serre et Juliette Cortese : Les lignes se mêlent comme images et voix, dans la musique des mots qui croisent le fer, belle invitation au voyage ! La juxtaposition des images prolonge la multiplication de la voix en écho. Parfaite illustration de ce qu’écrivait Marine Riguet à propos de la la littératube : « La notion de geste, plus qu’un renvoi à l’écriture elle-même, ouvre sur la préhension du monde. »

Dans nos mains (images : Catherine Serre – texte : Juliette Cortese)
T’as rodé : Juliette Cortese – texte : Catherine Serre)

Echange entre Gwen Denieul (texte et voix) et Patrick Muller (images et montage). Avec la voix de Marine Riguet et la musique d’Hildur Guðnadóttir. Un homme s’enfonce dans la nuit de son amour perdu, dans le scintillement des lumières vacillantes de la ville. Sa voix tremble d’émotion dans la pénombre, dans l’attente d’une réponse qui tarde à venir. « La nuit tombe avec une brutalité inouïe, la chambre est noire depuis longtemps, mais impossible de fermer l’oeil, les mains tremblent, le coeur bat trop haut, à chaque retour de ténèbres, toujours cette sauvage inquiétude impossible à contenir. »

Dérive nocturne (partie 1) – Dans la nuit qui penche

La deuxième partie sera en ligne en octobre sur la chaîne de Gwen Denieul.

Si vous êtes tentés par l’aventure, faîtes le savoir sur le mur du groupe pour que les autres correspondances vidéos puissent être relayées sur le site Litteratube.